L’Art Vidéo est devenu l’une des formes les plus représentatives
des langages visuels contemporains Aussi, pour célébrer 40 ans de création
d’art vidéo en Allemagne, le Goethe-Institut a-t-il présenté du 29 octobre
au 1er novembre 2007, deux sélections de films vidéo.
La première comporte les meilleures et plus remarquables œuvres
réalisées au cours des 40 dernières années, par des artistes vidéastes
allemands, de talent, tels: Nam June Paik et Wolf Vostell, Joseph Beuys,
Jan Verbeek… Rassemblés par la Fondation Culturelle de la Fédération
(Kulturstiftung des Bundes), ces films proviennent des principaux musées
d’Allemagne et font partie de leurs collections.
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La seconde sélection groupe une série des meilleurs films libanais
d’art vidéo, choisis par la société “SHAMS” et réalisés, au cours de ces
dernières années, par de jeunes artistes tels Ricardo Mbarkho, Charbel
Chamoun, Amandine Brenas, Jacko Restikian, Mansour El-Habre, Ziad
Abillama. Lors de l’inauguration, M. Norbert Spitz, nouveau directeur
du Goethe-Institut, lui-même spécialiste en arts médiatiques, a prononcé
une brève allocution, mettant l’accent sur l’importance d’un tel événement
qui permet de prouver, qu’à côté des circuits commerciaux, films de cinéma
et séries télévisées, une autre forme de création existe pour satisfaire
un besoin culturel autre, pour élargir le champ de recherche,
d’investigation et d’innovation des auteurs.
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Les territoires nouveaux de la création
artistique Lors des séances de projections, les amateurs de
vidéo art ont pu apprécier des réalisations de très grande qualité, qui
font partie du patrimoine contemporain et international d’œuvres d’art.
Cependant, vu le grand nombre des participants allemands et libanais
et la variété des scénarios, il est évident qu’il est impossible de les
présenter tous, dans cette rubrique, tout comme il est hors de question de
parler de quelques-uns en ignorant les autres. Par contre, il paraît
essentiel de signaler que l’art vidéo n’est pas un produit commercial,
comme le film d’action ou le narratif, le feuilleton, le publicitaire, le
vidéo clip, le reportage, le documentaire, la fiction… Cet art reflète le
positionnement des artistes vidéastes, le potentiel de leur imaginaire et
leur créativité.
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MESSAGE PLASTIQUE En effet, contrairement aux
réalisateurs de films, longs ou courts métrages, de feuilletons, de
documentaires… et divers programmes télévisés, dont l’objectif principal
est, soit d’informer, soit de divertir le public, les artistes vidéastes
s’inspirent dans leur créations, des mouvements de l’art contemporain, qui
se sont succédé depuis les débuts du XXème siècle jusqu’à ce jour. Aussi,
même quand leurs œuvres sont le reflet de leur vécu socio-culturel, le
message transmis, à travers leurs productions est-il essentiellement
plastique.
 Des artistes vidéastes dont les films ont été
choisis. |
Par conséquent, la vague d’intérêt qu’on constate chez ces plasticiens,
allemands et libanais, pour utiliser l’art vidéo comme mode de création,
est tout à fait justifiée et va de pair avec le développement des caméras
digitales. Ils ont tous interprété, librement et avec bonheur, leurs
scénarios, à travers de multiples langages plastiques tels le réel,
l’imaginaire, le symbolique, l’expressionniste, le surréel, l’abstrait…
Certains d’entre eux ont, même abordé, dans leurs créations, une nouvelle
dimension de l’art vidéo, introduisant la “pensée logicielle” dans
l’espace et en illustrant les mutations profondes, visibles ou occultes
qui participent au domaine de la créativité. Ils tentent, à leur tour, au
moyen de l’image mobile, de toucher aux territoires nouveaux en
bouleversant la vision des êtres, des éléments de la nature, des couleurs,
du mouvement et de la lumière, dans une forme d’ivresse expérimentale où
la fantaisie des truquages et montages, contribue à accentuer la
plasticité des œuvres. C’est le refus d’un discours articulé de façon
narrative, qui oppose l’art vidéo au cinéma ou à la télévision
traditionnelle. Les artistes vidéastes ne se cantonnent pas dans
l’imitation des procédés du cinéma ou de la télévision traditionnels et
des truquages classiques, mais s’attachent à exploiter toutes les
possibilités de l’image numérique. Ils ont, souvent, recours à des effets
spéciaux tels l’enchaînement par mouvement d’approche, l’accéléré et
l’ultra accéléré, la prise de vues par image, le ralenti, le fondu
enchaîné, la surimpression, les images multiples, l’inversion des
mouvements, la transparence, les décalages dans le temps, les masques, la
déformation de l’image par des signaux électroniques, ou encéphalogrammes
réintroduits en feet-back… Leurs diverses réalisations concrétisent le
vertige de l’exploration des nouveaux outils et médias numériques, un
vertige bien spécifique à une époque de changement qui bouleverse
l’univers des arts. Leurs films sont une sorte d’amplificateur
d’intuition, des réalisations magiques qui stimulent l’imaginaire du
public et bousculent sa sensibilité. Ces mondes recomposés au moyen
d’images en mouvement, restent ouverts, à la fois, à la réalité des thèmes
et des sujets réinventés, des techniques et technologies abordées et aux
inquiétudes des artistes vidéastes confrontés à leur propre imaginaire et
à leurs fantasmes. Leur art illustre le sentiment d’un nouveau monde
plastique fondé sur le recours à des outils mieux adaptés à sa
transmission. Enfin, il paraît impossible d’ignorer l’impact de l’art
vidéo dans les multiples domaines des arts visuels, qui sont,
traditionnellement, le baromètre de la civilisation et qui tentent en ce
début du IIIème millénaire de trouver une nouvelle vie, à travers l’image
mobile ou animée. |